Il est beau ce nid !
Antoine

C’est sans trop d’attentes qu’avec Thierry, notre choix s’était porté sur ce woofing en Bosnie, ça collait sur la route, ça collait sur les dates, ça nous permettait d’organiser l’aller retour à Bruxelles en Mars sereinement. J’avais beaucoup d’appréhensions avant d’y arriver, je ne suis pas très bon en Anglais, j’ai beaucoup de mal à me sentir à l’aise quand acceuilli. Toujours la peur de décevoir, de ne pas me comporter comme mon hôte l’apprécierait… Dans mon imagination. C’est un peu stupide mais encore fortement ancré en moi. Beaucoup de temps seul ces derniers mois, peu de contacts avec des personnes que je ne connais pas. Bref j’arrive dans cette “collectivité” (je ne suis pas bien sûr de quel mot utiliser) dont je ne connais rien, avec une angoisse sociale que je pensais dissipée avec les années. J’ai un peu l’impression de retourner à la case départ.

Les deux premiers jours sont catastrophiques, je suis constament sur la défensive, je ne sais pas ou me placer, on me dit de faire comme chez moi mais j’en suis incapable, juste trop à gérer dans la tête en même temps, j’ai besoin de prendre du temps seul mais je suis bloqué mentalement, incapable de comprendre et d’exprimer ce qui se passe dans ma tête. Résultat: fermeture complète sur moi même, et une tension que j’ai l’impression de propager autour de moi. Le deuxième jour je m’éclipse et écris pendant deux heures dans mon carnet… Ça va mieux. Heureusement, la patience et la gentillesse de tout le monde m’a permis de me transformer en quelques jours. Après une semaine, je suis comme un poisson dans l’eau, et les quelques semaines passées à Pobrdani furent une révélation pour moi, tant au niveau de la manière de vivre qu’au niveau philosophique.

Voilà une partie du mot que j’ai laissé en partant : “J’aime la personne que je suis ici, et je dois avouer que c’est assez rare pour moi, la vie que je mène en ville m’amène du stress, des tentations, de la colère, ce sont des conditions dans lesquelles je ne peux plus m’épanouir. J’ai envie de campagne depuis quelques années maintenant, ces semaines passées ici m’ont confortés dans ce choix, plus fort que je n’aurai pu le croire. Bien au delà du lieu, c’est votre fonctionnement que j’aime, et même si j’aurai besoin de quelques ajustements sur du long terme, je me sens à ma place ici, utile et heureux. J’aime cette vie commune qui laisse la liberté à chaque individu, j’aime la confiance, j’aime que chacun ait sa spécialité, qui profite a tous, mais que chacun accepte de mettre la main à la patte quand le besoin s’en fait sentir. J’aime cette vie simple, mais pleine d’apprentissages et de surprises. J’aime marcher dans la forêt, observer la végétation qui évolue tout autour. Ici, je suis plus ouvert, motivé, créatif, dynamique, serein qu’ailleurs, c’est une révélation pour moi sur la manière dont je veux vivre plus tard, mais aussi sur moi même, j’ai appris que je pouvais être quelqu’un de proche de la personne que j’aimerais être, et ça n’a pas de prix.”

Depuis vendredi on a quitté ce nid douillet non sans mal. On en a profité pour récupérer un ami Bruxellois qui voyage depuis 8 mois à vélo: Yvain, qui nous a rejoint à Pobrdani. On se disait sans trop y croire que nos chemins se croiseraient, et nous y voila! Nous sommes donc en route tous les trois pour l’Albanie Pour l’instant, la Bosnie est vraiment magnifique, je me rend compte à quel point je meconnaissais ce pays pas si lointain… objectifs principaux de l’arrêt à Mostar: envoyer cette novelettre, me renseigner sur la guerre de Bosnie, et approfondir mes connaissances sur le mode de reproduction du bananier! (Sans blague)

Mon activité bosniaque principale: crier zdravo (salut) et zijveli (santé/ à la vie) aux passants qu’on croise, c’est rigolo, ils sont moins pudiques que nous et font de grands signes en nous voyant arriver, la manière de saluer n’importe qui à la campagne, est vraiment différente de la notre. Ici, on croise la police dans les bars, et on frôle les guet a pintes, heureusement notre expérience slovène nous aide à tenir bon!

Trop de choses à a raconter et j’ai vraiment le sentiment d’avoir loupé l’essentiel de ce que je voulais vous communiquer … Mais bon on est arretés depuis longtemps et la pluie menace donc on va se mettre en route!

Shadokement votre

Antoine


Pobrðani